Arts et ECSI, leviers d’expression et de compréhension du monde

Deux expériences pour aborder l’art en ECSI

Le Musée de nos luttes

La commission Démarches éducatives de ritimo a testé en octobre 2024 un "Musée de nos luttes", animation inventée pour l’occasion et inspirée de la technique dite « boule de neige ». Dans la version originelle de cette animation, chaque personne réfléchit individuellement à un sujet, note ses idées. Puis, les personnes se réunissent en sous-groupes, partagent leurs idées et essaient d’en tirer une synthèse. Les sous-groupes se réunissent pour partager leur synthèse et obtenir une nouvelle synthèse. Et ainsi de suite jusqu’à construire une vision collective à l’échelle du groupe entier.
Dans cette version adaptée, le but est d’aboutir à une exposition collective. Il s’agira donc d’utiliser l’expression artistique, ici dessinée ou peinte, pour exprimer son point de vue. Le sujet de départ : quel enjeu sociétal vous anime, vous donne envie de vous engager ?
Le premier temps individuel dure une quinzaine de minutes. Chaque personne est libre de dessiner au crayon, avec les feutres ou la peinture ce que le sujet lui inspire. Croisement des luttes, désacralisation de l’art bourgeois, lutte contre les stéréotypes de genre, protection de la biodiversité sont progressivement représentés sur les supports à dessin de type "canson".
Dans un second temps de trente minutes, ces premières œuvres sont partagées en sous-groupe de 3 ou 4 : chacun·e explique aux autres ce qu’iel a voulu représenter et pourquoi. Collectivement, les membres du sous-groupe identifient des points communs entre leurs œuvres et/ou un moyen de les combiner. 

Le musée de nos luttes
une expérience d’exposition collective
commission DESI ritimo

Finalement, le "croisement des luttes amène Emmanuel Macron à proposer qu’on le jette avec une cannette de Jupiler alors que la Joconde s’engage en faveur d’une Palestine libre ; un monde de tolérance diverse et colorée apparaît ; des traces de pas mènent à un musée de l’humanité sans écraser ni l’environnement ni les autres."
L’exposition s’ouvre, en petit comité. Pas facile pour les artistes de présenter leurs œuvres. Pourtant le public est composé de leurs pairs : des personnes qui font de l’ECSI et qui viennent de découvrir une nouvelle manière de mettre en commun leurs idées. 

Le Cercle poétique

En juin 2024, des membres de la Commission ont assisté à un atelier « Art et éducation populaire », animé par deux associations gabonaises lors de la Rencontre Internationale de l’Éducation Populaire et Solidaire (RIEPS), en Côte d’Ivoire. L’une chante, l’autre slame. Pendant 1 heure, elles nous ont fait travailler en sous-groupe sur la création d’une œuvre illustrant le vivre ensemble. Dessin, chant, danse et pièce de théâtre ont ainsi été créées et partagées dans cette salle de réunion.

En fin d’atelier, nous expérimentons le cercle poétique. Cela ressemble à un cadavre exquis sauf qu’il ne s’agit pas de dessiner, il s’agit de faire un poème :
A tour de rôle, nous allons devoir exprimer ce que nous ressentons à l’issue de cet atelier. Une première personne commence une phrase, la personne à sa gauche continue, laisse la parole à la personne à sa gauche et ainsi de suite jusqu’à faire le tour du cercle. Les métaphores et autres images poétiques sont les bienvenues. L’inspiration peut devenir étoilée, l’éducation populaire se raconte en rime et les sentiments sont contés plus librement. 
Il paraît que les enfants ont moins d’appréhension, se mettent moins de limites pour créer leurs cercles poétiques. 

L’éducation populaire – et donc l’ECSI – part du principe que l’on peut apprendre à tout âge. Alors, pouvons-nous (ré)apprendre cette liberté créative ?

L’objectif d’un tel outil est de se questionner les points suivants : « En termes d’éducation populaire, qu’utilisent les artistes et comment opèrent-ils·elles pour agir efficacement et atteindre leurs cibles ? Quels outils, quelles méthodes pour quelles disciplines et pour quels publics ? ». Sous un format participatif et ludique, les participant·es étaient invité⸱es à répondre à ces interrogations et donc à partager leurs différentes expériences dans l’objectif d’enrichir celles des autres.