L’écologie industrielle, des alternatives à l’économie dominante
Sommaire du dossier
- Introduction
- Eclaircissements sur le vocabulaire de l’écologie industrielle
- L’écologie industrielle ou le rêve de faire coopérer des entreprises
- Les trois types de synergies
- Champagne !
- A Grande-Synthe des centaines de petites entreprises s’organisent pour gérer au mieux leurs déchets
- Le métisse, isolant écologique, social et citoyen
- Au Royaume-Uni, l’écologie industrielle déleste les décharges et remplit les portefeuilles
- A Genève, deux quartiers se rafraîchissent et se chauffent à l’eau du lac
- Astérix en Autriche
- Mutualiser pour promouvoir une mobilité et des énergies plus douces
- Vers une économie fondée sur la performance énergétique
Astérix en Autriche
L’histoire d’une ville 100 % autonome en énergie
Cet article a été publié il y a plus de dix ans, certaines informations qu'il contient sont susceptibles d'être incomplètes/obsolètes.
« Güssing, seule ville en Europe 100 % autonome en énergie. » La petite ville autrichienne de 4 000 habitants est fière du chemin accompli depuis quinze ans. A la frontière avec la Hongrie, le Burgenland, où se trouve Güssing, est à la fin des années 1980 la région la plus pauvre d’Autriche. Un demi-siècle à l’ombre du Rideau de fer a asphyxié son économie. Deux tiers de ses habitants travaillent à Vienne ou à Graz.
Pour trouver une sortie de crise, les autorités scrutent l’horizon. Leur regard se porte sur le vert foncé des forêts qui cernent la ville, occupant 40 % du territoire communal. Pourquoi ne pas devenir autosuffisant en énergie, songent-elles ? « Cette idée a été comme la potion magique pour Astérix, elle nous a rendus plus forts », récite le site internet de Güssing.
En 1990, le conseil communal fixe son objectif : sortir des énergies fossiles ! Premier pas, économiser l’énergie. Des mesures d’efficacité énergétique appliquées dans tous les bâtiments du centre-ville divisent la consommation par deux. Deuxième pas, exploiter le bois. La ville développe un modèle de « polygénération » : une trentaine d’installations exploitent l’énergie du soleil et de la biomasse.
Chaleur et électricité proviennent du bois, des déchets de la forêt, de la sciure et du biogaz issus de déchets agricoles, d’herbages, de maïs et de trèfle. Les voitures roulent au diesel produit à partir d’huiles alimentaires usées et de colza, ce qui n’est toutefois pas la panacée [1].
La pièce maîtresse est une installation de gazéification du bois, unique en Europe, qui transforme la cellulose et la lignine en gaz qui cogénère chaleur et électricité. La recherche se poursuit pour transformer ce gaz en carburant liquide, technique sur la voie des agrocarburants de deuxième génération [2].
En 2012, les habitants de Güssing jouissent d’un excellent niveau de vie. Une cinquantaine d’entreprises liées aux énergies renouvelables, le séchage du bois ou la fabrication de parquet ont créé 1000 emplois sur la commune ou à proximité. Le Centre européen des énergies renouvelables, organisme de recherche et de démonstration, renforce la réputation de Güssing sur l’énergie végétale. Et des plans pour étendre ce modèle à la région sont en marche.