Saluuuut ! Je vous ai manqué ? Eh bien, à la demande populaire, me revoilààà !
D’une part parce que ma tasse a trouvé sa place d’honneur sur les étagères du bureau parisien ; parce qu’on insiste pour que je passe manger les midis ; et qu’on ne pas encore bloqué mes codes de connexion à la navette. Alors, je suis officiellement partie de ritimo mais jamais si loin !
Blague à part : on s’est collectivement dit que ce que je continue à faire dans ma thèse, continue à intéresser le réseau. Et que cette rubrique de la navette est un chouette espace pour vous donner des nouvelles depuis l’autre côté : l’autre côté du salariat à ritimo, et l’autre côté de l’Atlantique.
Cette année 2025 s’annonce difficile partout, avec des luttes antifascistes qui s’intensifient aux États-Unis, les incertitudes de la guerre sur le front est de l’Europe, la censure et la répression toujours plus intenses au Pérou. Par exemple, la police a perquisitionné et fermé (temporairement ?) le local du MHOL, Mouvement Homosexuel de Lima. Des professeurs de tendance marxistes sont renvoyés sans aucun motif des plus grandes universités nationales. Des artistes sont censuré·es des ferias locales. D’autre part, pendant le carnaval, les habitant·es des Andes continuent d’investir les danses traditionnelles et les chants, les défilés et les représentations théâtralisées, pour dénoncer le pouvoir dictatorial et exprimer leur opposition. Et puis, 2026 sera marquée par les élections tant attendues pour renvoyer Dina Boluarte chez elle : en 2025 la campagne électorale commence donc, avec une gauche presque totalement absente (le seul candidat vaguement de gauche, Antauro Humala, est un militaire qui a fait du temps derrière les barreaux pour soulèvement contre le pouvoir en 2005 après le retour à la démocratie [libérale]), et le tissu social est toujours aussi fragmenté.
Pendant ce temps, une espèce de bras de fer agite les activités extractives. Depuis l’arrivée au pouvoir de Dina Boluarte le 7 décembre 2022, différents méga projets miniers ont été relancé. Or, depuis la pandémie, on observe un contexte d’expansion de l’activité minière informelle aux mains des communautés andines, autochtones, qui exploitent leur propre territoire. Pour eux, étant les "propriétaires légitimes" de ces terres, ils devraient avoir prioritairement le droit d’extraire les richesses, or l’Etat péruvien continue de soutenir et de faire bénéficier les entreprises transnationales. Un ample campagne de stigmatisation et de criminalisation des petits mineurs informels est donc orchestrée par les multinationales, dans laquelle la gauche écologiste (urbaine, de classe moyenne haute, assez blanche et très moralisatrice) s’engouffre sans forcément se rendre compte qu’elle fait le jeu de la droite et du capital. Depuis la fin 2024, plusieurs jeunes collègues et votre fidèle serviteuse nous sommes donc engagée dans une entreprise politique de faire émerger un discours contre-hégémonique qui remette en question la stigmatisation des petits mineurs, pour remettre de la complexité dans les débats et ne pas perdre de vue les acteurs qui, dans le fond, profite vraiment de l’extractivisme mondialisé.
Bref, j’aurai de quoi vous faire voir la réalité mondiale depuis le point de vue du Sud, des Andes, des territoires colonisés qui n’ont pas fini d’arracher leur autonomie économique et symbolique.
Rendez-vous très vite pour des nouvelles de l’autre côté.